Maroc : Les finances sous tension, un emprunt international devient une option de plus en plus sérieuse
05.06.2012 | 19h35
Par Ristel Edimo
Après la soupape de l’augmentation du prix des carburants afin de soulager la caisse de compensation, la piste de l’emprunt international n’est pas inenvisageable. Après les déclarations du directeur adjoint chargé du pôle Dette à la direction du Trésor, M. El Hassan Eddez, voici que le ministre du Budget réitère, même s’il nuance un peu.
Fin avril dernier, le directeur adjoint chargé du pôle Dette à la direction du Trésor, M. El Hassan Eddez annonçait lors d’un entretien à Abou Dhabi que le Maroc envisage émission obligataire internationale libellée en dollars, d’un montant maximum d’1 milliard de dollars pour le mois de septembre ou octobre prochain. Une information que le ministère des Finances n’a pas confirmée depuis. Monsieur le directeur aurait trop vite parlé ? Interviewé par Reuters, le ministre délégué en charge du Budget, Idriss Azami Al-Idrissi, a émis des réserves sur la question tout en laissant comprendre que le gouvernement serait en train de cogiter sur une éventuelle sortie. Seulement, tient-il à préciser, « nous n’avons pas pris de décision définitive au sujet d’une émission obligataire souveraine. Nous n’avons même pas mandaté une banque ou conseillers financiers pour toute émission d’obligations ».
Le ministre considère que les propos de M. Eddez ont été sortis de leur contexte, mais ne les infirme pas pour autant. Si jamais cet emprunt est réalisé, il sera le premier pour le Maroc, puisque jusqu’ici, le royaume n’a émis qu’un emprunt obligataire en euros.
En ce moment, l’économie du pays va mal, telle une asphyxie. Le secteur agricole considérablement en baisse due à la sécheresse et à la crise européenne, sachant que l’UE est un marché privilégié pour le Maroc. La pression est de plus en plus forte avec une augmentation des importations et des difficultés à maintenir des entrées de devises suffisantes via l’export, le tourisme et les transferts des MRE. Depuis le début de cette année, le Maroc déploie toute une stratégie pour développer ses partenariats économiques avec l’extérieur pour relever son secteur de l’export. En matière de tourisme le royaume table sur la conquête de nouveaux marchés. Mais toutes ces démarches ne pourront pas être rentabilisées sur le court terme. Pourtant, le besoin financier est pressant. Pour renflouer la caisse de compensation afin d’atténuer le déficit budgétaire, le gouvernement multiplient les actions. Après laréforme du système des subventions, il est passé la semaine dernière à l’augmentation des prix du carburant.
Pas lieu de désespérer
Les économistes du Crédit agricole affichent cependant un certain optimisme. Pour eux, la situation est critique mais pas « désespérée », car Bank Al Maghrib est à même de venir en aide à l’Etat. « La Banque centrale a les moyens de garantir l’arrimage de son taux de change à l’euro/USD, même si on prévoit que les réserves de changes ne pèseront plus que près de quatre mois d’importations fin 2012 contre cinq aujourd’hui », explique les économistes à Boursorama.
Le roi devrait mettre la main à la poche
Dans un contexte social comme celui actuel, les économistes jugent qu’en cas de non-retour à la normal au bout d’une certaine période, le gouvernement devrait procéder à une réduction sérieuse des dépenses. Si la situation perdure, l’impact sur le risque politique pourrait être important. Car la « hausse de la pauvreté et du chômage » pourrait soulever une nouvelle fois les cercles de manifestants. D’ailleurs ces mêmes questions soulevaient la semaine dernière près de 50 000 personnes qui ont manifesté contre le gouvernement Benkirane.
Avant que les choses ne s’aggravent et que les manifestants n’abordent la question de la fortune personnelle du roi Mohammed VI, ce dernier devrait « soutenir le gouvernement actuel », estiment les économistes.
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Maroc : La caisse de compensation profite aux riches
07.06.2012 | 14h17
Par Mohammed Jaabouk
La caisse de compensation ne profite pas aux pauvres. 95%,1 des aides aux sucres, 96,1% à la farine et 94,8% aux produits pétroliers bénéficient aux opérateurs industriels dans les trois filières.
La Caisse de compensation est depuis un certain temps est à la une de l’actualité. Les hausses des prix des carburants du 1er juin ont nettement contribué à la maintenir en pôle position. Le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, crie haut et fort, sa volonté de réformer cette caisse. Comme ses prédécesseurs à la primature, il promet d’opérer un changement radical dans le système des subventions afin qu’il profite réellement aux pauvres. En attendant la concrétisation de ces promesses, ce système bénéficie principalement à trois filières : celles de la farine de blé tendre, du sucre et des produits pétroliers. En 2011, le montant global des subventions a atteint 51,8 milliards de dh en 2011, l’équivalent de 2 points du PIB au cours de la même année.
La filière du sucre
Au Maroc l’industrie du sucre est sous un monopole de fait de la part de COSUMAR (Compagnie sucrière marocaine). En 2005, cette filiale de la SNI/ONA, assoit son emprise sur le marché en achetant quatre sucrières concurrentes. « En 2011, le montant des subventions de la caisse de compensation a atteint 1,23 milliard de dh », souligne une étude du Conseil de la concurrence.
Seul 4,9% de ces aides bénéficient aux couches défavorisées, le reste, 95,1%, profite, dans sa grande majorité au seul opérateur industriel du sucre et quelques compagnies des boissons gazeuses (principalement Coca Cola qui détient presque 95% des parts du marché) et aux biscuitiers et confiseurs marocains. En 2009, le gouvernement Abbas El Fassi a finalement cédé aux pressions de ces deux industries en leur accordant 70 millions de dh par an d’aides de la caisse de compensation.
La filière pétrolière
L’étude du conseil de la concurrence révèle que 83,6% (31 milliards de dh) des aides de la caisse de compensation sont destinées aux produits pétroliers : essence, gasoil, fuel et le gaz butane. La hausse des prix du pétrole sur le marché mondial a nettement contribué à cette aggravation des subventions.
Comme pour le sucre, cette filière est exclusivement sous le monopole de la SAMIR (depuis 1990, cette compagnie, autrefois publique, est détenue par la firme saoudienne Corral). Quant au secteur de la distribution, il est ouvert à la concurrence, 13 sociétés pour le pétrole et 14 pour le gaz. Selon la même étude du conseil de la concurrence, ces aides ne profitent nullement aux pauvres, précisant que 98,1% des non pauvres bénéficient des aides allouées à l’essence, gasoil et fuel. Un pourcentage revu à la baisse dans le cas du gaz butane avec 94,8%.
Concernant, la récente hausse des prix des carburants, le chef du gouvernement a soutenu, hier devant les deux chaines officielles, qu’elle va économiser à l’Etat plus de 5 milliards de dh. C’est exactement le montant que dédie annuellement la caisse de compensation aux achats de l’ONE (Office national de l’électricité) en fuel industriel.
La filière de la farine
Là aussi point de dérogation. Les subventions de la caisse de compensations ne bénéficient pas aux couches défavorisées. 96,1% des aides de l’Etat contribuent à l’amélioration des chiffres d’affaires des opérateurs dans ce secteur. Il s’avère que le pauvre ne reçoit, annuellement, que 45,7 dh d’aides pour ses achats de la farine contre 112,4 aux non-pauvres. Durant les trois dernières années, le volume de ces aides a atteint environ 3,5 milliards de dh. Un chiffre bien en deçà par rapport à ceux alloués aux deux autres filières.
Piste de réforme de la caisse
Il y a unanimité sur la réforme de la caisse de compensation. Reste à savoir, si l’équipe Benkirane en aura le courage pour mettre en exécution ses promesses ? En attendant de voir plus clair dans les prochaines semaines. Le conseil de concurrence, sur ce sujet, a montré qu’il a une longueur d’avance sur le gouvernement.
La généralisation du RAMED du ministère de la Santé concerne plus de huit millions de Marocains pauvres. Partant de ce chiffre, le Conseil de la concurrence propose une libéralisation totale des prix accompagnée d’une redistribution des aides directement à cette catégorie de la population via des allocations mensuelles entre 500 et 600 dh par personne et par mois. Une somme bien inférieure au 51 milliards de dh injectée, en 2011, dans la caisse de compensation.
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Carrière à l’étranger : 89% des cadres marocains souhaitent s’expatrier
08.06.2012 | 19h32
Par Ristel Edimo
Se construire un CV consistant, à la recherche de meilleurs salaires ou de meilleures conditions de vie, autant de raisons qui font que la majorité des cadres marocains n’hésiterait pas à plier bagages pour rejoindre l’occident.
« 89% des cadres marocains veulent avant tout une expatriation de plus de 3 ans », révèle La Vie éco. Une proportion bien supérieure à celle des cadres au niveau mondial dont 69% sont prêts à s’expatrier, selon une enquête mondiale sur les attentes des candidats vis-à-vis de l’international réalisée par un institut néerlandais de recherche et de conseil stratégique spécialisé dans le recrutement et la communication, The intelligence Group, pour le compte de The Network, un regroupement de 49 portails de recrutement, et ReKrute, leader du e-recrutement au Maroc.
Les raisons d’un tel souhait pour les Marocains sont multiples. Selon l’étude, dont les détails sont donnés par La Vie éco, ceux qui veulent s’expatrier recherchent premièrement « une expérience à l’étranger » pour certains, tandis que d’autres souhaitent « améliorer leur niveau de vie ou encore chercher à démarrer une carrière internationale ».
La France les intéresse en premier
Ces potentiels expatriés sont d’abord intéressés par la France. 61% des personnes sondées souhaitent en premier lieu y travailler dont 43% souhaitent travailler à Paris.
Ils sont également nombreux à préférer le Canada. Pourtant, une récente étude montrait que le taux de discrimination net pour cause de patronyme à l’endroit des chercheurs d’emploi d’origine arabe est de 35,1% au Québec. Pour se donner les moyens, 54% des candidats à l’expatriation utilisent les portails internationaux espérant trouver l’offre de leurs rêves.
Si les cadres veulent partir, les jeunes aussi, comme le prouve l’étude réalisée par la Banque mondiale à la veille du Printemps arabe. Sur 2333 jeunes âgés de 15 à 29 ans, 33% souhaitent ou envisagent de quitter le Maroc à l’avenir, sachant cette tranche d’âge représente un tiers de la population du pays.
Le Marocain en général, pas du tout effrayé par la mobilité
Il n’y a pas que la mobilité internationale qui intéresse les Marocains. 68% des cadres, soit 3 sur 5, sont prêts à changer de travail dès qu’ils en ont la possibilité. Les secteurs qui les intéressent le plus sont : les banques et l’industrie.
L’étude a été réalisée sur un échantillon de plus de 120 000 de plus de 162 000 personnes réparties dans 66 pays, dont 602 Marocains.
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Hausse des carburants au Maroc : L’Algérie craint l’augmentation de la contrebande
07.06.2012 | 20h03
Par Hanane Jazouani
Depuis l’annonce la semaine dernière de l’augmentation des prix de l’essence et du gasoil au Maroc (cf notre article), l’Algérie s’est retrouvée dans une bien mauvaise posture. Elle craint, avec cette hausse que la contrebande s’intensifie au niveau de sa frontière avec le Maroc.
La hausse des carburants au Maroc n’inquiètent pas seulement lescitoyens, les syndicats et les professionnels marocains, mais également les autorités algériennes. Elles craignent de voir se développer encore plus la contrebande des carburants au niveau de sa frontière avec le Maroc, où des jeunes algériens acheminent quotidiennement du carburant vers le royaume, rapporteLibération dans son édition d’aujourd’hui 7 juin. Une contrebande qui coûte cher à l’économie algérienne, jusqu’à 400 millions de dirhams par mois, précise le journal.
Chômage et éloignement
La région marocaine qui va le plus profiter de cette contrebande est l’Oriental. Dans un rapport émanant de la chambre de Commerce, d’industries et de Service d’Oujda, datant de 2004, le document explique que la contrebande des carburants dans la région de l’Oriental est causée par 3 raisons essentiellement : l’importance du taux de chômage dans la population active, l’immense écart entre les prix des produits étrangers et les produits nationaux similaires, mais également à cause de l’éloignement de la Région Orientale par rapport aux marchés nationaux en particulier de Casablanca. Ce qui entraîne la hausse des coûts de transport qui se répercutent sur les prix des marchandises.
Une organisation de fourmi
Du côté algérien, les réseaux de contrebande sont parfaitement organisés et chaque personne y prenant part à un rôle précis et déterminé. Cela va « de l’achat des carburants dans les stations-service par les «hallabas» (c’est-à-dire ceux qui traient les pompes), aux «haddayas» (les guetteurs) en passant par les «chauves-souris» (les contrebandiers) et les conducteurs des «mouquatilate» (voitures béliers qui foncent vers les barrages des brigades mobiles et ne craignent pas les tirs de ces dernières). », précise le quotidien marocain. Et ce trafic illicite rapporte à ces jeunes Algériens. Cela peut aller de 300 à 345 dirhams par personne et par jour. Un commerce tellement juteux que certains jeunes algériens passent le permis poids lourd pour participer à cette contrebande et transporter dans leur véhicule d’importantes quantités de carburant.
Depuis l’annonce de la hausse des prix de l’essence et du gasoil au Maroc, en fin de semaine dernière, la contrebande de carburant se serait même instantanément accrue. D’après l’agence de presse algérienne APS, les douaniers algériens ont saisi à ce moment là, 1500 litres de carburant destinés à la contrebande lors de deux opérations différentes au niveau de la zone frontalière de Tindouf. Les conducteurs des 2 véhicules qui transportaient cette quantité de carburant se sont fait arrêtés pour trafic illégal de carburant et ont écopé respectivement d’une amende de 230.000 dirhams et de 115.000 dirhams.
En 2011, d’après les chiffres des autorités algériennes, un million de litres de carburant ont été saisis à la frontière algéro-marocaine. Avec la hausse des prix des carburants au Maroc, cette quantité pourrait bien s’accroître encore plus
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